10 juin 2014

Bad beat...ou la Perte de virilité



 Voici déjà un certain temps, en Afrique, dans la rue, un inconnu est susceptible de soudain vous toucher...et c'est là, que le bas blesse... merdam! c'est un sorcier qui fera immédiatement disparaître votre sexe.

Oops, ne riez pas car voici déjà 10 ans que cette terrible rumeur traversa l’Afrique de l’Ouest à toute vitesse provoquant moult drames: des centaines de morts et milliers de blessés, victimes expiatoires de la vindicte populaire.

Cette rumeur est née dans les dernières années du siècle dernier, au Cameroun, par des bruits colportés puis amplifiés dans la rue par le bouche à oreille et dans les marchés par les récits angoissés de voyageurs annonçant l'arrivée imminente sur les plages d'individus maléfiques: les haoussas venus du Nigéria.

En fait, la peur des « réducteurs de sexe » plongea dans le chaos tous les états traversés par cette rumeur, ils rapidement d'ailleurs vite dépassés par l' hystérie indescriptible des autochtones. En fait, dans un décor composé de crise économique, de séquelles et traumatismes de guerre régionale, la peur de l’étranger, de l'Autre trouva et sa vraisemblance et sa justification dans la montée du nationalisme sur fond d’accroissement des inégalités sociales...

Ces pensées magiques qui provoquèrent près de 300 morts (quand même) ne sont pas si éloignés des rumeurs et fantasmes que nous avions sur la traite des blanches, rumeurs et terreurs qui reviennent à chaque moment de crise, comme nous l'explique le sociologue Jean-Noël Kapferer dans son livre passionnant 'Rumeurs" (en poche! à dévorer sans modération).

C'est évidemment l'éternel retour des boucs émissaires dès lors que les sociétés vivent des grandes crises: Ce bouc émissaire tout chargé des péchés de la collectivité...les coupables sont toujours les même: les étrangers, mal intégrés dans nos sociétés, marginaux ou ceux qui ne partagent pas les croyances.

Ainsi pour revenir à la traite des blanches, les juifs (puisque à la base il s'agissait curieusement de magasins juifs) ont constitué un modèle parfait de bouc émissaire et la cible automatique des rumeurs, depuis l'empoisonnement des puits pendant les grandes épidémies de peste, de 1348 à 1720 jusqu'au soupçon de meurtre rituel sous-jacent dans le thème de la "rumeur d’Orléans" (rumeur sur la traite des blanches), en passant par le soi-disant " complot des Sages de Sion ".


L'actualité sociétale et politique omniprésente peut évidemment donner lieu à certaines analogies avec cette fois-ci particulièrement les roms ou l'islam comme boucs émissaires , mis ainsi en excergue notamment par certains partis politiques.

Au poker, que représente le bouc émissaire, le coupeur de sexe? il s'agit non seulement du fameux fish, ce joueur fantaisiste mais du fish pervers qui provoque en nous des bad beat...ce sorcier qui va nous émasculer d'une quinte de l'espace, un brelan emportant notre énergie vitale dans une rivière pourpre assassine...

Alors, viens la lutte fratricide de cet autre qui n'est finalement pas comme "nous", qui est stigmatisé sous l'étiquette de fish, ainsi dénaturé, déshumanisé, méprisé...ah qu'il est bon de rejeter sa colère sur cet être, qu'importe qu'il s'agisse d'une erreur de notre part,  d'un tournoi à 50 centimes ou à plusieurs centaines d'euros, ...la haine nous emporte, le cri strident du castra s'élève car voici qu'apparait le tilt vengeur réclamant la tête de ce fish qui a su pervertir les divinités du poker et dans un coup de théâtre,  faire une apparition de la carte assasssine tel un deus ex machina emportant notre virilité dans un bad beat douloureux...

Putain, merde! fait chier!


02 juin 2014

Poker clash!



La semaine dernière est passée sur une chaîne de télé, l'émission Cam clash. Le principe était simple une caméra filmait et mettait en scène des injustices quotidiennes dont souffrent ou ont souffert certaines personnes.

Les gens qui me connaissent savent que je suis ronde... même très ronde. Aussi, je fus touchée et m'identifiais  à un des reportages  me rappelant  combien pour les gens gros il est dur et culpabilisant de manger face aux gens...toujours effrayée de saisir dans leur regard un côté apitoyé et condescendant du "erf, elle devrait pas" ou d'entendre les réflexions comme celle qui fusa un jour d'un père à sa petite fille "tu vois si tu manges des hamburgers, tu deviendra aussi grosse que la dame" .
Wow, Quelle pédagogie! c'est bien papa tu est un grand pédagogue nutritionniste et un gros con, puisque ce propos fut rapporté de vive voix, sans aucune gène à 1 m de moi...après tout monsieur était de son bon droit!

Bon! pas de misérabilisme, j'avoue ne pas trop avoir souffert de ces remarques, elles furent rares (plus pathétiques et focalisées sur gros nichons! gros nichons) mais comme tout le monde, derrière ma jolie muraille, certaines me blessèrent un peu comme des "y a des places derrière pour les gens comme vous" parce que ma fesse avait osé frôler celle d'une dame...mais si ces remarques furent pour moi moins  grossophobes que focalisées sur d'autres éléments de mon anatomie, j'ai en revanche rencontré lorsque je fus modératrice pour un site de size acceptance une vraie souffrance,  des gens n'osant plus sortir de chez eux, désespérés de soi et du regard de l'autre et...de ce terrible silence lorsque humiliés ou conspués par d'autres... Parce que quand vous êtes gros vous devriez être sans cesse dans la componction, ne pas vous exhiber mais vous couvrir de cendres et surtout acquiescer à tous les gentils conseils que l'on vous donnera généreusement...et  aux petites remarques perfides ... parce que merde! un peu de volonté que diable! xxl ça fait peur...ou pas!



On n'aime pas le hors moule, les gens différents...et même si ce n'est point le cas, la plupart des personnes se taisent, et moi aussi je me suis tue quand la vieille me parla avec mépris en me parlant de ces gens là, mais pire je me suis tue lorsque j'ai vu mec ivre gueuler" la chinetoque elle se lève pas? " dans le métro, comme tout le monde, voici quelques années et cette vieille parlant mal à ce petit garçon noir...parce que stupéfaite, surprise, ne voulant pas ajouter à l'esclandre et saisie en suis restée sans voix... je m'en veux encore, parce que les rare fois où je fus conspuée, moquée, même si j'ai fait comme si rien ne me touchait, j'aurais bien aimé entendre certaines voix s'élever pour me soutenir...et que le silence nous rend complice involontairement!


Et le poker? quand je suis venue  à jouer en ligne, j'ai entendu mille et un commentaires sexistes d'autant qu'il est vrai, j'ai joué sur ce jeu là, voulant à ma petite échelle aussi un peu pervertir ces clichés... j'ai par ailleurs rencontré les blogueurs et à l'inverse j'ai aimé et j'aime la convivialité et la camaraderie malgré nos différences de sexe, apparence, socio culturelles etc.et  là sans flagornerie j'ai souvent pensé que même si le poker est  un jeu fondamentalement sexiste... dans notre bulle, je retrouvais et retouve toujours le plaisir des potos sans ambage...et ce plaisir de partager notre goût pour l'écriture et de découvrir différents univers...

Pourtant dans ce jeu machiste j'observe souvent avec dérision un tel qui fut si amical et causant et disparut curieusement le jour où il comprit que je n'avais pas "l' intelligence du corps", j'ai lu moult remarques sexistes, discriminatoires sur des amies y compris par des nénettes et également ce harcèlement parfois de certains avec des remarques déplacées qui ne se font curieusement pas sur d'autres sites, ceux masculins... ben parfois ça donne souvent envie de tout laisser tomber, écœurée... Mais, cela dure deux minutes et puis après on se dit non! on se rebiffe et même si le silence est la pire des punitions et même si l'indifférence selon moi reste le pire des châtiments, j'avais quand même -à qui de droit- ce soir une envie folle de citer Maurice Pialat lors du festival de Cannes: " si vous ne m'aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus" (avec ou sans faute!)