28 août 2012

La chambre claire et le poker



J'ai toujours aimé les images, les différents univers que nous découvrons au gré de notre regard.
Je suis une contemplative, une voyageuse, et ai fait depuis longtemps mien, paresse oblige, la fameuse phrase de Lao Tseu disant dans le Tao te king qu'en regardant un grain de riz nous découvrons le monde entier.

En créant, l'artiste, tout comme le scientifique, travaille à partir de paradigmes reflétant sa propre vision du monde et faisant interagir sa propre philosophie, son dharma (loi intérieure), sa moralité avec les évènements extérieurs, le contexte mondial...c'est pourquoi , tout simplement, un homme qui aujourd'hui peindrait comme Rembrandt serait un artisan virtuose mais un piètre artiste car le monde a changé depuis le 17e siècle, les techniques de langage aussi, certains vous diront même suivant cette logique que la peinture est morte en 1913 avec le premier ready made, la roue de bycyclette de Duchamp sur un tabouret...2 matériaux usités bruts, non noble qui accède au statut de l'oeuvre d'art tuant par la même la notion de savoir faire et résolvant le grand conflit du 19es entre architectes et ingénieurs.



les ready made nous montrent qu'on peut changer la signification d'un objet en le changeant de contexte...


L'oeuvre de l'artiste indique donc bien souvent la direction de l'évolution culturelle dont il fait partie. Après tout, le changement n'est-il pas l'essence de l'existence?
C'est d'ailleurs pour cela que Bergson, philosophe de la durée avait écrit qu'il n'existait aucune affection ni de représentation qui ne se modifient à tout moment. La vérité est qu'on change sans cesse et que notre état lui même est déjà du changement....

De ce point de vue la photographie est mortuaire, d'où le dégoût d'un de mes écrivains favoris , l'autrichien Thomas Bernhard qui clamait dans Extinction (mon livre fétiche)
"la photographie est une falsification sournoise, perverse, toute photographie, peu importe qui photographie, peu importe qui elle représente, est une atteinte absolue à la dignité humaine, une monstrueuse falsification de la nature, une ignoble barbarie. "

Avec l'avènement des réseaux sociaux, des avatars et des jeux schizophréniques de l'image, de soi, la photographie paradoxalement s'est appauvrie...il y a une sorte d'académisme de la photographie...le numérique a accentué cette délavation du sens au profit d'une image lisse où telle la mère du protagoniste du film de Terry Gilliam "Brazil", le visage devient un chant narcissique mortuaire, un miserere murmuré par des gisants où seul la projection du fantasme barbie girlisé psalmodie encore un quelconque langage...telles les opérations de la télé réalité où les femmes se font une lipoluccion, un lifting, comme d'autres un sng ou un mtt.

Et l'art dans ce contexte? qui va jouer le sauvage du Meilleur des mondes d'Huxley dans le labyrinthe facebook, twitter ou myspace?

Curieusement, le poker suit une même évolution, s'étant grandement démocratisé , il perd son coté sulfureux pour l'agréable adrénaline confortable du jeu en ligne...pas de goudron et de plumes pour beaucoup mais jute dans ce word of winamax la frustration de s'entendre encore appelé fish ou être insultée par des vieilles rombières ultra réac qui s'indignent des mains coquines qui ne se font pas... un jeu loose iconoclastie suprème, un jeu tight on est étriqué...tu oses surenchérir avec des cartes improbables UTG????  (under the gun pour mon amie Cassandre c'est à dire juste après le donneur, l'endroit le plus hasardeux car tu ne vois pas ce que joue les autres avant toi)...honte et anthème! ton nom sera rayé des tables de la Loi no holdem et tu seras chassé du jardin d'eden surtout si tu as mangé la pomme (gagné ce pot que tu devais perdre, mais aleas du jeu tu as gagné de manière éhontée)...crime et lèse majesté dans le pays des despérados....

En fait, souvent, surtout à très faible jeu, les relents d'alcool et de souffre sont plus à savourer dans les pages d'un Bukowski que dans ce jeu bon teint...que j'apprécie toutefois grandement tout comme les métaphorphoses de mes portraits, autoportraits où je ne suis ni tout à fait la même ni tout à fait une autre.

Mais si art et poker sont une évolution constante , puisque paradigmes parrallèles servant de métaphore à nos névroses qu'en est-il donc notre jeu?  a vouloir trop bien faire, tout cela ne devient-il pas un brin dogmatique? En ces quelques années de poker ai-je le sentiment d'avoir changé de jeu? oui souvent même si je garde certains tics et goûts, mais y a t'il réelle évolution ou dépréciation, parfois j'hésite.

Et vous?


21 août 2012

la partie obsessionnelle


Un vent chaud souffle actuellement sur la bloggosphère et mon devoir moral devant cette jeunesse décadante est d'entretenir les braises, heu de refroidir un peu les âmes virtuelles qui peuplent ce lieu.
 Il y a donc de cela bien longtemps, dans une autre vie, lorsque j'avais un cerveau en état de marche et n'élevais pas encore un vivarium rempli de mygales servant de perruques à mon pudique et coquet cervelet, j'ai travaillé quelques années sur un artiste hollandais nommé Bram van velde et sur ses relations avec la littérature (notamment avec Samuel Beckett) afin de rédiger mon mémoire.

Non, non ne fuyez pas, pas encore, je promets de vous épargner le concept qui m'obsédait de "jamais né"; la clef de voûte à l’œuvre dramaturgique de l'écrivain irlandais ou du peintre sus cité. Thème où vous me verriez intarissable.

Bram van velde était ce que l'on peut appeler un artiste obsessionnel, son œuvre est un ressassement infini, avec une évolution vers un épurement chromatique et stylistique toujours plus grand.

Nous avons le sentiment en contemplant son œuvre, en observant ses coulures et repentirs que l'artiste se perd dans un labyrinthe borgésien toujours recommencé afin de parvenir à ce petit morceau de vie pure cher à Proust. La transcendance , concept phare du 19e siècle mais avant tout de la peinture jusqu'à l'avenement de la photo.

Son œuvre, immense signature faite d'équerre, d’œils est à l'opposé de la production ogresque d'un Picasso qui déclamait "je ne cherche pas, je trouve"...si l 'art est un langage, celui de Bram van Velde est rempli de bégaiement de doutes, l'homme n’arrivait à peindre , à accoucher que de quelques toiles (4-5) en une année car pour lui il fallait " que la toile soit un acte de vie".



Quel rapport avec le poker si ce n'est que ces derniers temps je m'amuse avec des free roll satellites, essayant de grimper et me qualifier joyeusement, dans ces jeux que Sisyphe n'auraient pas renié, je ressens l'émotion et la sensualité de la calligraphie de Bram van Velde et la vacuité absurde de son œuvre et de ma recherche pokéristique...recherche obsessionnelle de cette choses en suspens, jusqu'à ce petit moment de frémissement orgasmique d'accord parfait de la chance et la volonté, de la stratégie, de la patience teintée de témérité...de ce petit moment de vie pure où vous aboutissez victorieux et trouvez la sortie du dédale où vous vous étiez perdu.







19 août 2012

Non!les femmes ne savent pas forcément faire deux choses en même temps!


Je suis furieuse! je suis furieuse contre moi-même de m'avoir gaché mon plaisir des retrouvailles inter bloggeurs...

 Me voici rentrée à Paris depuis hier, et avant de retourner demain à mon dur labeur, voici que je me faisais une joie de retrouver mes petites camarades -c'est à dire vous amis bloggeurs -dans cette joute bi hebdomadaire mais voici qu'un poltergeist s'est invité à ma fête...monsieur Patate!

Parfois, souvent chez moi il est vrai, on joue mal, mais ce soir ce fut un florilège et tandis que j'essayais vainement de me concentrer un brin malgré un début quelque peu laborieux - doux euphémisme - monsieur Patate décida de me rendre visite et de posséder ma pauvre psyché...résultat: mauvais bluff, jeu plus que prévisible, le slow play lourdingue, rien ne me fut épargnée.

Malgré tout, j'étais un brin optimiste, le sourire coquille st jacques entre grattement de piqures de moustiques (merci paris il a fallu que je retourne en ville pour servir de pâturage à nos amis amateurs de suçons particulièrement agressif cet été) et grattement de mes pauvres neurones mises à mal par la chaleur caniculaire de la capitale. bref, j'étais dans une sorte d'auto suggestion "concentre-toi, concentre toi" lorsque le téléphone vint à sonner et un ami d'enfance à la voix peu audible de m'entretenir.

Une choses est sure ou les femmes ne savent pas forcément faire deux choses en même temps ou à 43 ans, je découvre enfin que je n'appartiens pas à la gent féminine malgré certains attributs ostentatoires.

Alors tandis que j'essayais vainement de décrypter les propos de mon ami d'enfance que j'entendais dans un petit ru sonore à l'intérieur de mon combiné, monsieur patate tout heureux s'est proposé de continuer à tenir les rênes et je fus forcée d'accepter.

Du coup, j'ai joué non comme un pied c'est trop peu dire mais comme rarement aussi mal... j'en serais toute honteuse si je n'étais pas furieuse contre moi-même, contre un AQ débile mal joué préflop contre lessim  et forcément, bien que je me sois dit qu'il avait forcément une paire et que ça sentait mauvais surtout après un flop à mon désavantage, je me suis joyeusement enfoncée...suicide en direct....pour entendre juste à cet instant fatidique, dans un dernier coup de théâtre, la voix vexée de mon ami avec lequel je n'arrivais absolument pas non plus à entretenir une conversation suivi et logique, me disant qu'il me laissait et me rappellerait une autre fois car ne voulait pas me déranger...clic...il me restait 55 chips que j'ai posé tout de suite, adieu Berthe...et à mercredi.



15 août 2012

bilan de mes vacances


Il est temps de vous raconter l'odieuse vérité sur mes vacances dans la France profonde, dans le sud de la France au pays des moutons...le désert Français, le pays de mes ancêtres...non pas le pays des santons mais la Lozère!

Voulant survivre à cette terrible épreuve, j'ai essayé de tromper les dangereux autochtones qui la peuplent en clamant un chauvinisme indeffectible alors que je vivais un terrible cauchemar qui devrait se terminer vendredi où avec un peu de chance je devrais remonter vers la civilisation, j'entends la capitale et retrouver mon jeu préféré le poker.

Cette vidéo d'absolument bon goût et si flatteuse vous aidera surement à comprendre la douloureuse situation...




06 août 2012

Qui a peur du grand méchant loup?




Il n'aura pas échappé à la sagacité de certains que j'ai depuis quelque temps disparu de la scène pokéristique où je brillais joyeusement (enfin...surtout dans mes rêveries de joueuse solitaire)... j'ai -en effet -quitté la capitale et son air vicié afin de tester les variations de rouge après le blanc dans le sud du massif central... non je ne parle pas d'un stage d'oenologie mais fait référence plus aux délicieuses variations de mon épiderme avec un élément absolument inconnu à Paname...le soleil!

Cette introduction est fort divertissante mais quel rapport avec la choucroute me diriez-vous ou plutôt chez moi avec les manouls (tripous) qui nous concernent et nous relient dans une sorte de transe eucharistique où l'ostie consacrée: le jeton de poker et son anamnèse: l'itm ainsi que le graal la victoire.

En fait, je tenais à glauser sur les superstitions locales suite à un coup de grogne contre les autochtones en lisant le célèbre journal du coin: la Lozère nouvelle. En effet, ces derniers se plaignent des dégats causés par les loups en libérté dans le coin. La meute ravagerait en effet les troupeaux des paysans caussenards du Méjean (là où il y a moins d'habitants qu'au Sahara). Les loups (ou plutôt LE loup car pour le moment on en a officialisé seulement un) comme dans le parc du mercantour causeraient moult meurtres de moutons. Outre qu'on rembourse les éventuels dégats faits par les loups par une compensation financière non négligeable (contrairement aux chiens errants), il y a dans cette manifestation de colère paysanne une vieille haine du loup, une superstition ancestrale soigneusement entretenue dans notre insconscient par les diverses comptines, légendes, et connotations négatives liées à ce malgeureux et farouche animal.
Ca m'emmerde et j'y retrouve un certain parrallélisme crétin avec les préjugés systématiques rencontrés concernant le jeu de poker: la ruine financière!
En effet, après un an d'absence dans le pays de mes ancêtres et ayant fait la tournée des amis, connaissances et autres âmes du lieu, je dois systématiquement justifier ma passion des cartes et notamment du jeu de poker... qui avili la pureté de mon âme et rrique de me faire choir dan un gouffre dantesque économique, qui rendrait ridicule notre crise économique actuelle...

Curieux, devant ce scoop extraordinaire, les journalistes ont dû s'entretués car je n'en vois pas un seul sur mon plateau désertique.

Comme la peur du loup, l'image du poker est fondamentalement négative au quidam lambda et associé systématiquement au jeu d'argent et de gains ou pertes conséquents...j'ai donc entendu ces derniers 15 jours au moins 50 fois "attention tout de même" et il m'a fallu expliquer tout autant que je dépensais moins pour ce jeu en un an que ce qu'ils dépensaient au café ou lors d'un seul restaurant...mais je vois toujours une moue dubitative me convainquant que mes talents de persuasion restent absolument nulles...encore 10 jours pour m'améliorer!